Interview The Giants [Duke Records] | Putus Roots “Be wise”
By jeremiahrfd January 21, 2015 (https://killerswithoutfillers.wordpress.com/2015/01/21/interview-the-giants-duke-records-putus-roots-be-wise/)

Juillet 2014 : un incendie se déclare à Rockfort, à l’Est de Kingston, et ravage la maison de Putus Roots, membre des Mystic Revelation of Rastafari. Bilan : heureusement nul côté humain ; côté instruments, c’est un carnage : les percussions de MRR, qui ont joué sur les premiers morceaux de ska, sont réduites à l’état de cendres. Un bout de patrimoine s’envole en fumée.

Samuel Williams, Count Ossie-fils, raconte au Jamaica Observer : « Ces percussions étaient plus vieilles que moi, et j’ai 56 ans. Je joue des percussions depuis que j’ai 8 ans, je ne sais faire que ça ». Face au désarroi, certains s’organisent. Une collecte de fond est organisée par la Kabba Roots Association, une autre par Midnight Raver et un concert de solidarité à Marseille. En suisse, les Giants, deux frangins musiciens, David et Yves, du label Duke Records, se mobilisent aussi pour aider leur collègue et néanmoins ami Putus Roots à se relever. Ces deux-là avaient déjà commis avec le jamaïcain trois très bons singles (ici, là et là) ; leur projet : reverser l’entièreté des bénéfices du quatrième ¨Be Wise¨ au Mystic Revelation of Rastafari, pour remplacer les instruments détruits par l’incendie. Tel le Pheonix yuh know, MRR will reborn !

A ma modeste mesure, j’ai souhaité relayer ici leur belle initiative ; je me suis dit que le mieux était encore de leur poser directement 3 questions.

Interviouw (avec l’accent suisse !)

Jeremiahrfd : Pouvez-vous commencer par vous présenter, en quelques mots, pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?

Duke : Avant tout, nous tenons à te remercier chaleureusement de te joindre à nous et de soutenir la cause de Putus et des MRR. Nous sommes deux frères, musiciens, passionnés par les instruments, les compositions, les techniques d’enregistrement et le mixage du reggae. On vient du Valais, en Suisse. On joue sous “The Giants” et produisons sous notre label “Duke Production”.

Jeremiahrfd : Vous allez éditer votre quatrième morceau avec Putus Roots : comment l’avez-vous rencontré ?

Duke : On a rencontré Putus ici en Suisse en 2011. Il avait été invité par un sound system de la région “Idren Sound” pour une série de concerts en compagnie de Bernard Satta des Abyssinians. Le link s’était fait par le biais du Kabba Massa Gana sound de Marseille.

Les Idrens avaient booké les billets d’avions par l’intermédiaire de l’agence de voyage pour laquelle je travaillais. Sur le retour Putus a manqué son vol et comme il avait un peu de temps je lui ai proposé de passer au studio, de lui faire écouter quelques riddims. Il a chanté Jah Jah come en one shot à 2 mètres du micro sur un riddim qu’on avait appelé revelation. On était mystifiés!

Par la suite, nous sommes restés en contact et nous nous sommes revus à chacune de ses venues en Europe.
C’est grâce à cette rencontre avec Putus qu’on a connu le mouvement MRR.
On s’est aussi rapproché du KMG sound et de leur projet en faveur de la création d’un community center à Rockfort. En apprenant la nouvelle de l’incendie, on s’est mobilisé afin de récolter des fonds et on a produit ¨Be Wise¨.

Jeremiahrfd : Comment va-t-il Delroy “Putus Roots” Williams ? Tu as eu des nouvelles de Samuel Williams ou d’autres membres des MRR ? Ils ne sont pas trop choqués, prêts à repartir ?

Duke : Après avoir appris ce qui s’était passé, on a appelé Putus. Le coup a été dur à encaisser pour lui et les membres du groupe, mais on a senti qu’il ne se laissait pas accabler, il était encore plus déterminé à créer le centre culturel, à faire de la musique, à transmettre son message, à repartir…Il sait qu’il est soutenu, de part ses forts liens avec Kabba Roots et leur famille. Une campagne a aussi été mise sur pied par des membres du blog Midnight Raver afin de récolter des fonds pour contribuer à la restauration des drums.

Jeremiahrfd : Un mot sur Duke Records : votre son est très « vintage » : vous procédez comment pour l’enregistrement ?

Duke : Les instruments sont joués par nous deux, principalement. (Batterie, trompette, claviers, percus : David, Basse, trombone, guitare, percus : Yves)Nous collaborons aussi parfois avec Magarotto un organiste qui possède un vrai Hammond B3 qu’on enregistre avec 4 micros, Leslie et touticuanti.

Adapted chapter part du projet Live Rub Dub (ici) avec Skwal à la guitare. Nous apprécions particulièrement la chaleur de l’analogique. Il nous arrive aussi de mêler les deux mondes en synchronisant nos enregistreurs à bande avec des ordinateurs. Il y a des dubs qui ont été faits tout ¨à l’ancienne¨ sortant des bandes sur une table de mixage, comme Livity Dub ou Africa Dub, les faces B des 7’. Pour Adapted Chapter, on a tout mélangé… Tout a été joué en direct et enregistré sur bandes, d’où le « Reel 1 & 2 »… puis on a ressorti les pistes et repassé certaines dans l’ordi pour finalement mixer le tout sur notre table analogique. Le tout a ensuite été masterisé par nos soins, pour finir sur cd (ici). Nous aimons beaucoup le reggae des 70’s, début des 80’s. C’est notre principale inspiration, d’où notre son.

Jeremiahrfd : Ca arrive à survivre, un label comme le votre (à vocation plutôt revival), en 2014 ?

Duke: Nous faisons de la musique par passion. Le label nous permet de concrétiser la plupart de nos projets. Depuis le début, on arrive à investir ce que l’on gagne avec la musique dans la musique. Le tout est d’avoir des projets et des ambitions à la hauteur de nos moyens…On essaie aussi de développer un maximum de compétences afin d’être le plus autonome possible dans les productions, c’est un peu notre plan de survie.

Jeremiahrfd : Des projets à venir ? Vous avez de nouveaux riddims dans les cartons ?

Duke : On a quelques nouveaux riddims qu’on aimerait sortir en vynil cette année. Nous allons aussi continuer à propager le rub a dub en live.

Jeremiahrfd : Merci, et bravo pour votre initiative.

Duke : Merci à toi de relayer et d’ajouter ta pierre à l’édifice !

” Keep the link alive for a chain is as strong as its weakest link. Respect & Rasta Love “

Samuel “Time” Williams

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